« Un bon dessin peut être agrandi. »
Cette phrase, lue dans un numéro du remarquable magazine Les Arts Dessinés, m’a profondément marqué. Elle révèle une vérité que beaucoup de dessinateurs ignorent : un dessin agrandi ne pardonne rien.
Réduire ou Agrandir : deux pratiques opposées
Quand on crée une bande dessinée ou une illustration, on réduit beaucoup plus souvent la taille des dessins qu’on ne les agrandit. Pendant des années, j’ai travaillé sur de grandes planches que je scannais ensuite avec impatience pour les réduire.
La réduction affine l’encrage et masque de nombreux défauts, notamment les problèmes de proportion et de placement des éléments. Cette pratique donne un résultat plus flatteur sans demander d’effort supplémentaire. Si vous dessinez régulièrement, vous appliquez peut-être déjà ce procédé sans vous en rendre compte.
Pourtant, même en réduisant mes planches, je constatais que mes dessins restaient loin du niveau des professionnels. En observant leurs originaux lors de festivals, j’ai compris que leurs dessins affichaient un équilibre et une solidité qui subsistaient à n’importe quel agrandissement.
Ce que révèle un dessin agrandi
Lorsque vous agrandissez un dessin, certains défauts deviennent immédiatement visibles :
- Les erreurs de placement des petits éléments (yeux, nez, bouche) se remarquent instantanément.
- Les détails inutiles prennent une importance disproportionnée.
- La composition révèle toutes ses failles et nuit à la lisibilité.
- L’impression générale perd en cohérence.
Agrandir un dessin agit comme un révélateur plus impitoyable encore que la fameuse technique du miroir qui consiste à retourner son image. Vous ne pouvez plus tricher.

Comment améliorer un dessin avant de l’agrandir
Pour produire un dessin solide, capable de résister à l’agrandissement, vous devez apprendre à synthétiser.
L’amateur masque ses hésitations en ajoutant des détails. Le professionnel, lui, épure son tracé pour ne conserver que l’essentiel.
Voici quelques principes concrets pour renforcer vos dessins :
- Travaillez à l’échelle finale. Si vous dessinez en numérique, n’utilisez pas la « loupe » et observez votre image dans sa taille réelle.
- Identifiez les grandes masses. Contenez-les dans des formes géométriques simples avant de traiter les détails.
- Simplifiez les petits éléments complexes. Cherchez l’indication minimale qui transmet l’émotion, notamment dans l’expression des yeux.
- Étudiez les originaux des dessinateurs que vous admirez. Observez leurs choix de simplification et leur façon de hiérarchiser l’information visuelle. ( Un site pour voir d’excellent originaux : https://www.danielmaghen.com/ )
- Misez sur la lisibilité.
Ces habitudes transformeront votre façon de construire un dessin.
Les bénéfices du dessin agrandi
En maîtrisant cette discipline, vous obtenez des dessins plus clairs, plus professionnels et plus convaincants. Vous gagnez en rapidité : des traits plus francs et un niveau de détail contrôlé réduisent considérablement le temps de finalisation.
Ce processus vous conduira à trouver vos propres solutions graphiques, celles qui feront naître votre style unique.
Conclusion : Le chemin du dessinateur
Le dessin agrandi agit comme un juge impartial. Il ne tolère aucune approximation et dévoile sans ménagement vos failles.
Si vous acceptez cette exigence, vous progresserez plus vite que vous ne l’imaginez.
Gardez toutefois à l’esprit que cet équilibre exige des années de pratique attentive et sincère.
Vous ne trouverez pas de raccourci théorique : ce chemin reste profondément personnel. C’est précisément ce qui en fait toute la valeur.
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